Le 16 janvier dernier, BulldozAIR était fier d’assister à la 2ème édition d’InnoShakers, orienté cette fois-ci autour du thème « Comment construire les infrastructures du futur ? ». La discussion s’est articulée autour de 2 panels d’invités qui ont réfléchit aux futures tendances dans l’infrastructure et les innovations récentes, ainsi qu’aux conséquences que celles-ci pourraient engendrer dans le domaine de l’urbanisme.
Le premier s’est concentré sur les conceptions actuelles de l’innovation et des infrastructures à travers des exemples concrets présentés par des acteurs du Grand Paris Express. Le panel était constitué de :
- Arnaud Pacheco, Chef de Projet Innovation, Explolab
- Olivier Lépinoy, Engineering & Construction Leader, IBM
- Stéphane Kirkland, City Executive Paris, Arcadis
- Ali El Hariri, CEO, BulldozAIR (modérateur)
Développer, implementer et maintenir l’innovation
Les tendances technologiques qui impactent les secteurs de l’infrastructure et de la construction constituaient le premier sujet abordé. Olivier mentionne tout d’abord les rôles clés qu’ont l’intelligence artificielle et les objets connectés, qui réduisent la charge de travail de nombreux professionnels de la construction grâce à l’utilisation des données collectées et l’optimisation des machines. Ce dernier a reconnu cependant que l’intégration de tels efforts au cœur de la stratégie des entreprises pouvait s’avérer être une tâche ardue et que la création de ces cas d’usages était un grand pas vers l’implantation réelle de ces initiatives.
Arnaud, quant à lui, constate que quand il s’agit de développer l’innovation, la clé pour trouver une solution qui a de la valeur est d’identifier les problèmes ou les freins présents dans les pratiques actuelles avant de prendre de nouvelles initiatives.
Enfin Stéphane ajoute que nous ne devons jamais perdre de vue l’innovation au sein d’un projet et Arnaud souligne le caractère très éphémère que l’innovation peut avoir. C’est pourquoi il faut absolument établir une structure détaillée dès le début pour maximiser les bénéfices que l’on peut en tirer dès le lancement d’une nouvelle initiative.
La Data, la clé de la gestion
L’importance de la data fait l’unanimité auprès des différents intervenants. Cependant, pour tirer profit de tout leur potentiel, il est vital de penser l’utilisation de ces données en fonction du cycle de vie des actifs des entreprises. Les données doivent avoir un impact sur les coûts et l’efficacité, rappelle Stéphane.
Aujourd’hui, l’accent est mis sur les données récupérées à partir des infrastructures. Quand les capteurs sont intégrés aux machines ou à d’autres systèmes, les entreprises sont en mesure d’économiser de l’argent. Un gain stratégique supplémentaire peut-être réalisé en automatisant la collecte de données du fait que cela améliore drastiquement la précision et l’exploitabilité de celles-ci. La collecte de données plus précises alliée aux nouvelles technologies comme l’intelligence artificielle révolutionnent l’approche de la maintenance. Aujourd’hui, nous sommes en train d’évoluer vers ce que l’on appelle la maintenance prédictive, qui se base sur l’utilisation de toutes ces informations pour allouer plus efficacement les ressources, et ainsi réduire le nombre d’interruptions et les coûts de maintenance. Les progrès portés par les dernières constructions vont néanmoins au-delà de la problématique de la maintenance.
Le Grand Paris Express et son impact sur les infrastructures parisiennes
En 2009, juste après que l’idée de transformer la région parisienne en une métropole européenne durable ait été proposée, Olivier créa une série de conférences intitulée « Quel Grand Paris ? ». En parallèle, il créa une plateforme où les gens intéressés par le sujet pouvaient rentrer en contact. Son objectif était d’encourager le dialogue entre les différentes parties prenantes tels que les résidents, les commerces, les experts, les autorités, et d’autres. Pour Olivier, il était nécessaire de laisser chacun développer ouvertement sa propre idée pour découvrir les problèmes potentiels et tout type d’initiative liée à l’innovation.
Les conférences rassemblaient un large spectre de participants dont certaines écoles comme l’ESTP, Sciences Po, des écoles d’architectes parisiennes ainsi que beaucoup d’architectes impliqués dans le projet du Grand Paris. A l’époque, lorsqu’on lui demandait ses perceptions à propos du projet, il mentionnait l’impact significatif que ce projet pourrait avoir sur les institutions parisiennes et en Ile-de-France.
Aujourd’hui, neuf années se sont écoulées, et tout le monde s’accorde sur le fait que le développement du Grand Paris Express a un impact énorme sur la région parisienne. La morphologie entière de la région change et Paris se transforme en une ville connectée plus dynamique. De plus, les réinvestissements dans les territoires au-delà de Paris apporteront de nouvelles possibilités pour les banlieues et accéléreront le progrès dans ces régions.
Stéphane, actuellement acteur du Grand Paris Express, constate que le projet est incroyablement innovant dans le sens où il correspond à une vision urbaine du développement durable. Il souligne que le projet est, certes très en retard, mais qu’aucun projet aussi ambitieux n’a été entrepris à Paris depuis 1860. Le Grand Paris Express est un projet visionnaire qui va revitaliser les banlieues. Selon Arnaud, nous commençons déjà à observer de nouveaux quartiers émerger, et Paris est en train de réaliser une chose tout à fait unique sur le plan mondial.
Le CDG Express a lui aussi été mentionné. Ce projet vise à augmenter la compétitivité de l’aéroport étant donné qu’il n’a pas de connexion directe avec la ville. De la même manière, il a été dit que ce projet n’aurait pas un impact significatif sur la ligne 17, qui est elle aussi supposée s’arrêter à l’aéroport.
Les nouvelles technologies et les infrastructures parisiennes actuelles
Enfin, le sujet des nouvelles technologies comme les voitures autonomes ainsi que leur impact sur le boulevard périphérique de Paris a lui aussi été abordé. Stéphane fait remarquer que les études qui portent sur les nouvelles technologies se focalisent souvent sur les problématiques de régulation ou d’implémentation. Cependant, il est indispensable d’examiner l’impact que les nouveaux développements ont sur les infrastructures urbaines actuelles car chaque innovation peut impacter la morphologie urbaine différemment. Il ajoute également que selon une étude réalisée aux Etats-Unis, il apparaît que les réseaux comme les trains et les métros aériens ne seront pas beaucoup affectés par la technologie car on suppose que les flottes de véhicules partagés utiliseront essentiellement les axes principaux et abandonneront les branches secondaires qui sont souvent couvertes par ces réseaux.
Les intervenants ont aussi mentionné le fait que pour protéger l’important patrimoine du boulevard périphérique des menaces potentiellement causées par les nouvelles technologies, il faut réfléchir à les intégrer aux infrastructures actuelles. Grâce par exemple, à l’incorporation d’axes réservés aux véhicules autonomes.
En conclusion, beaucoup de sujets traitant de l’innovation et des infrastructures ont été abordés. On constate à quel point la « construction tech » est en train de transformer et d’améliorer les pratiques actuelles dans les domaines de la construction et des infrastructures en révolutionnant la productivité et en augmentant l’efficacité.
La semaine prochaine, la discussion continuera avec plus de témoignages et d’exemples de la part d’importants acteurs du secteur comme l’incubateur français Impulse Labs, l’autorité aéroportuaire ADP et la SNCF, autorité ferroviaire française.